Quinze années de tournée et jamais
Chilly Gonzales n'avait foulé le sol varois. Ce dimanche 21 avril
2013, c'est chose faite. Le compositeur aux doigts d'or (et
d'argent !) a offert un Solo Piano 2, à l'espace Malraux de
Six-Fours, de grand standing.
Chilly Gonzales n'est pas un pianiste
comme les autres. La normalité (mot à la mode en ce moment), ça
l'fait chier. Il se pointe sur scène en robe de chambre et
pantoufle. Oui Monsieur ! Après tout, ça n'enlève rien à
son talent et sa mèche folle. La preuve en est avec ces deux heures
passées en sa compagnie.
L'artiste laisse parler son talent
durant les 45 premières minutes. Il est impressionnant de maîtrise
et d'aisance. Chilly Gonzales ne fait qu'un avec les touches de son
piano. En totale osmose. J'ai bien l'impression que j'allais assister
à un concert de piano ordinaire. Que nenni. C'était sans compter
sur le personnage et son goût immodéré pour l'auto-dérision.
C'est alors qu'il entame une leçon de solfège. Cela peut paraître
ennuyant, mais après ses quelques explications, le personnage se
dessine petit à petit sous mes yeux. Ce mec est vraiment atypique et
surtout grande gueule.
« Fuck Arpeggios ! »
Tout le monde en prend pour son grade.
Même les artistes avec lesquels (il a) il collabore. Des Daft Punk
en passant par Sebastien Tellier. Steve Jobs à qui il doit tout
comme il le dit si bien (avec cette pointe d'humour qui le
caractérise tant). Le grand Mozart passe aussi au broyeur. Leur
point commun ? L'ARPÈGE. Il nous expliquera pendant près d'un
quart d'heure ce que c'est, tout en mettant en application ses
arguments. « Vous croyez qu'il font quoi les français
masqués ? (ndlr : Daft Punk). Et bien, ils appuient ni
plus ni moins sur une touche « arpège » et font des
tubes ! » Chilly Gonzales crache dans la soupe. Mais
qu'est ce que c'est bon d'entendre tout ces artistes se faire
dézinguer par un mec aussi talentueux que lui ! Qui de surcroît
ne se prend pas au sérieux.
« Frère Jacques, ça ressemble à
l'hymne du FN ! »
Chilly Gonzales ne cessera de partager
sa passion pour la musique. Reviendra même sur son passé et ses
premières leçons de piano. Avant d'échanger quelques notes avec
des jeunes de la salle. Une leçon de piano par Chilly Gonzales, faut
avouer que ça a de la gueule. Non ? Toujours dans son
personnage, l'artiste continuera de descendre les artistes et les
monarchies pour leurs goûts invétérés des « notes sans
âmes ». Nous aurons alors le droit à un nouveau cours, tout
en humour, sur les notes majeures (joyeuses) et mineures (tristes).
C'est à mourir de rire mais tellement vrai. Avant de demander au
public quels titres voudrait-il qu'il joue. Et qu'un beauf gueule :
« Ton nouveau featuring avec Daft Punk » (il fallait bien qu'il y en ait qui l'a fasse). Gonzales
s'exécute. Tous les téléphones enregistrent alors, ce qui
s'apparentera de nouveau à un fake (à coup sûr). Il ne manque pas d'humour ce
Gonzales !
Ce soir là j'ai assisté à
une démonstration de talent mêlée d'humour et d'auto-dérision.
Chilly Gonzales ne veut absolument pas tomber dans la banalité et
innove constamment pour trouver de nouvelles sonorités. A l'image de
son titre White Keys, pour lequel il s'est forcé d'utiliser
uniquement les touches blanches comme son nom l'indique. Chilly
Gonzales est aussi un gros produit marketing (à son inssu?) et ne
s'en cache pas. Après les premières notes de Gogol, il ironisera en déclarant : « Et en plus j'me suis fait beaucoup
d'argent ! (rire)». Un entertainer de grand talent.