La tournée d'Oxmo
Puccino s'est arrêtée ce samedi 20 avril 2013 à la salle André
Malraux de Six-Fours (83). Retour sur la prestation d'un artiste,
d'un poète... que dis-je ? D'un maître, jonglant avec les mots
depuis tant d'années.
Les lumières
s'éteignent. Deux spots s'allument et se braquent sur un fauteuil
(le trône du roi sans carrosse ?). Située au milieu de la scène, entre ses musiciens, la
place du grand maître ne restera pas vide très longtemps. Une
grande silhouette s'avance alors sur scène et prend place. Oxmo
Puccino est assis et contemple ses élèves l'applaudir. Le maître
peut commencer son cours.
L'Homme en impose
Rares sont les artistes
m'ayant autant impressionné. Oxmo Puccino prend son micro, se lève
et s'avance sur scène pour saluer son public avant de donner le "la" à
ses musiciens. Au détour d'un couplet son regard croise le mien.
Intimidé je lui lance un grand sourire (idiot). L'instant d'une
fraction de seconde j'avais l'impression d'avoir fait un bon de dix
ans en arrière. L'image d'un gosse devant son idole ou tout du moins, un élève devant son maître écoutant son cours de
littérature (ou de poésie) ce soir là.
Le maître d'école a
parlé
À chacune de ses
interludes Oxmo Puccino ne peut s'empêcher de raconter une anecdote
sur le titre qu'il a, ou qu'il va interpréter. Chaque mot, chaque
parole est analysée. J’emmagasine tout ce que l'artiste dit. Tout
ce qu'il chante. Les paroles de ses chansons sont multipliées par
trois. Le fait de savoir que l'Homme à qui la légion des arts et
des lettres a été décernée est devant moi, m'impressionne. Un peu
comme si j'avais oublié d'apprendre ma leçon avant d'arriver en
cours. Mais mes classiques je les connais : J'ai mal au mic,
Masterciel, 365 jours, Mama Lova, Où est Billie ?, ou encore le
vieux Cactus de Sibérie. Ma note s'annonce pas si catastrophique en
fin de compte.
La force d'Oxmo Puccino ?
Ses textes. Et raison de plus quand il les pose accapela. Premier
rappel. L'artiste (re)prend le mic et se place au centre de la scène.
Un silence envahit alors la salle. Mes oreilles sont grandes ouvertes
pour écouter comme il se doit le professeur. L'homme au grand cœur
nous raconte alors son lien avec l'Unicef et son voyage en Afrique
(qu'il conseil à tous) pour se reconstruire. Avec pour seule arme sa
voix, il entame alors le premier refrain de Naître Adulte. C'est,
dans ce silence absolu, que j'ai pris une claque et compris pourquoi
ce mec est un poète des temps modernes. Il impose le respect et avec
la plus grande humilité, étale son talent de songwritter.
Le maître des mots et
des rimes qui s'est présenté à moi ce soir m'a tétanisé de joie.
Cet artiste manie la langue française avec une extrême délicatesse
et un immense respect. Soigne son écriture, respecte les règles de
la poésie. Jongle avec les mots comme on enfile des perles. Oxmo
Puccino ne rappe pas. Il raconte des histoires. Ce soir le professeur
« Black Jacques Brel » a parlé. Promis, la prochaine
fois j'apprendrais ma leçon.